En République Dominicaine, le carnaval constitue l’événement culturel le plus important de l’année : il est une véritable expression de la joie populaire où se mêlent des croyances empruntées au Christianisme mais aussi des traditions plus païennes résultant du métissage des populations. Sous les masques souvent satiriques, de couleurs éclatantes, le peuple dominicain exprime sa créativité dans toutes les disciplines artistiques et échappe au quotidien au rythme du Merengue.
D'après certains historiens, les premières manifestations de carnaval dans l'île eurent lieu en février 1520, à l'occasion de la visite de Don Fray Bartolomé de las Casas, prêtre et dominicain espagnol, sur les ruines actuelles de La Vega. On dit que les habitants de la Vega Vieja se déguisaient en maures et en chrétiens et organisaient des fêtes, à l'origine des célébrations actuelles. Si le carnaval existe depuis le 16ème siècle en République Dominicaine, la tradition a vraiment pris de l'ampleur au moment de l'indépendance le 27 février 1844. Depuis le carnaval se célèbre à cette date, quelques fois même en dehors des périodes de carême. D'ailleurs le mois de février est aussi le mois de la patrie et de l'indépendance pour les Dominicains.
A la fin du XIXe siècle de nombreuses familles de propriétaires espagnols furent chassées de Cuba par la guerre, et s'installérent dans le nord de l'île de Saint-Domingue, en particulier à Puerto-Plata, Santiago de los Caballeros, La Vega. Ces cubains importèrent leurs traditions carnavalesques, en particulier les Comparsas (troupes de masques , similaires aux carnaval de Rio).
Comparsa de Puerto plata
Des influences carnavalesques venues d'Haïti sont aussi perceptibles, en particulier dans le personnage féminin de la Robalagallina , qui est soit une imitation (photo 1), soit une caricature (photo 2) de l'élégante femme de planteur français.
Robalagallina de Santo Domingo
(2) Robalagallina de Santo Domingo
Mais le personnage le plus populaire du Carnaval dominicain est le Diablo cojuelo (Diable boiteux), appelé ainsi à Vega. Andromorfo Mefistofélico était un démon si turbulent et joueur qu'il vint à bout de la patience du Diable, celui-ci l'envoya alors sur terre pour le punir et s'en débarrasser. Au moment de sa « descente » sur terre, il tomba et se blessa à une jambe, blessure qui le laissa boiteux, d'où son nom.
A Salceda et Bonao, il se nomme : le Macarao
Tous les samedis et dimanches de février ainsi que les deux premiers dimanches de mars, le carnaval s’invite un peu partout dans le pays et particulièrement dans les villes de La Vega, Montecristi, Puerto Plata, Salcedo, Santiago, Bonao et bien sûr Santo Domingo Suivant l’histoire de la ville, sa situation géographique et ses traditions, le carnaval s’anime sous l’impulsion de personnages costumés très différents, reflet incontestable de la richesse culturelle et artistique de l’île....
Au pied du Monument aux Héros Dominicains, élevé sur une éminence qui domine la ville de Santiago de los Caballeros, sont érigées quatre curieuses statues de P.V.C. brun, surmontant des plaques qui fournissent d'amples explications sur ces personnages, et sur leur rôle dans les traditions dominicaines. Ces statues représentent les deux types de lechones et les deux types de robalagallina.
En 1795 le carnaval de Santiago, inspiré de l'époque coloniale Espagnole, avait lieu pour les fêtes patronales, en l'honneur de St. James, de Corpus Christi et du Carême (les trois jours précédant le Mercredi des Cendres). Comme à Santo Domingo, le carnaval était divisé en fonction des différentes classes sociales de Santiago, avec des fêtes dans les clubs privés des zones riches et défilés dans les rues pour les plus pauvres. Chaque quartier a sa propre identité, comme à La Joya ( les Lechones ) et aux Pepines ( les Pepines ) s'affrontant entre eux suivant une longue tradition de rivalité.
A Santiago de los Caballeros, le personnage populaire s'appelle le Lechon ( cochon de lait ) Les lechones sont des personnages masculins vêtus d'amples vêtements multicolores, sur lesquels scintillent des fausses pierres précieuses et des petits miroirs. Ils portent un gros ceinturon en forme de longaniza (longue et grosse saucisse), et sur la tête en forme de canars, une paire de grandes cornes prélevées sur un zébu, bovidé employé à tirer les chars de canne-à-sucre.
Les lechones joyaderos (porteurs de joyaux - ou originaires du village de La Joya ?) sont plus richement vêtus, et couverts de grelots. Le masque des lechones, assez effrayant, est une tête de canard, Les lechones joyaderos ont des cornes recouvertes d'excroissances coralliformes. Tous se démènent, sautent, font claquer leur fouet, et dansent autour des personnages féminins, les robalagallinas. Autrefois ils agitaient et frappaient autour d'eux dans l'assistance avec une vessie contenant un fœtus de porcelet.
Aujourd’hui
, le carnaval de La Vega est l'événement culturel essentiel de
cette ville qui porte le nom de la vallée fertile qui la fait vivre.
apportée par les migrations cubaines et les populations des quartiers populaires de la Vega Les célèbres Diablos Cojuelos, ces «Diables Boîteux », qui étaient revêtus de couleurs rouge, jaune, verte, portaient des masques représentant le diable médiéval, à figure humaine et méphistophélique, agrémentés de deux cornes de grandes oreilles, avec la bouche ouverte découvrant leurs dents. Plus tardivement , une barbe de cuir s’est ajoutée sur les masques.
La Vega compte 80 groupes différents de Diablos Cojuelos, tous issus de quartiers différents, portant des couleurs différentes.
SANTO DOMINGO
A
Santo Domingo, le carnaval existe depuis 1520, en période de
colonialisme, et reste aujourd’hui incontournable.
los Diablos Cojuelos, Califa
Los Indios, imitant les anciens habitants de l'île, munis de lances, d'arcs et de plumes, le corps peint entièrement. Los Africanos, personnages peints en noir avec du charbon et du mazout imitant la danse des esclaves noirs.
Los Ali Baba, habillés de costumes de danseurs orientaux
Le centre des festivités se situe sur la large avenue George Washington, le Malecon, à proximité de la jetée. Sur les places, un grand nombre d’événements s’organisent et le quartier se transforme en une énorme fête qui dure plusieurs jours. Ces festivités s’achèvent par un défilé de carrosses et de cortèges colorés.
Son carnaval est très original et unique par rapport aux plus grands et plus célèbres carnavals. Cotui a ses propres personnages qui sont les "Papelus" et les "Platanus" Leurs costumes sont constitués de bandes de journal ou de feuilles de bananier. Il ya aussi beaucoup de costumes faits de lanières de sacs de plastique
Malgré la présence de riches mines, Banao a été pendant des années sous l'influence socio-économico-politico-juridique de la ville de La Vega. Auparavant, il s'agissait, d'un carnaval d'élites, avec des bals et des défilés privés. Depuis 1990, le carnaval se transforme à la recherche de son identité, avec l'émergence de groupes carnavaleros comme los Charamicos, los Truenos, los Caraduras et los Seis. On y retrouve également Los Monstruos del Pantanos ( les monstres du marais, couverts de boue .
Dans la commune de La Joya, ainsi qu'à El Peje, La joyita, El Cachón, La Baria, La Tierra Blanca et Copao , on découvre un carnaval marron où Los Negros apparaissent comme les principaux personnages. Traditionnellement ils portent des feuilles de bananier sur le bas de leurs déguisements fabriqués à partir d'objets de récupération et des masques réalisés avec des calebasses ornées de coton. Tout sourire, les noirs deviennent les gardiens des enfants durant toute l'année, dans ces communautés pauvres et pleines de créativité d'originalité et de personnalité.
MONTECRISTI
Montecristi est une belle tradition populaire de carnaval, tout à fait unique et très symbolique, qui s'exprime en particulier avec Los Toros, qui s'affrontent aux civils. Les civils munis de fouets, se livrent un véritable duel Il s'agit d'un véritable duel avec des fouets. Les taureaux ont leurs visages recouverts d'une couche de porc, des costumes de couleur rembourés à l'interieur pour les protéger des fléaux de leurs adversaires. Les civils,quant à eux, doivent porter des pantacourts et des vêtements ordinaires. Le gagnant de l'événement est celui qui arrive à porter son adversaire ou le faire basculer. Beaucoup d'autres personnages, peuvent être vu dans le carnaval coloré de Montecristi, comme la Robalaguillena, populaire parmi les jeunes et moins jeunes. On y retrouve des symboles magiques et religieux de purifications, mais aussi une symbolisation des relations humaines. PUERTO PLATA Depuis la fin du siècle dernier, le carnaval est connu dans la ville de Puerto Plata, qui s'enrichit avec l'arrivée de groupes de Cuba au début de ce siècle. Malgré les transformations socio-économiques résultant du développement touristique, le carnaval à la recherche de son identité depuis une dizaine d'années, fait des effort dans la créativité, grace à une population jeune et agitée. comme personnage central s'est converti en Taimacaro. Il représente l'identité du peuple de Puerto plata avec son masque orné de divinités, son très beau costume symbolisant les éléments de la culture espagnole, les rubans multicolores sur les bras, ornés de coquillages de l'Atlantique , rappellant les origines Africaines.
A Salcedo, le personnage central du carnaval est la Cojuelo Diable, qui est appelé Macarao. Ils ont un incroyable costume flamboyant, avec de beaux contrastes, fait de papier crépon multicolores, et portent toute sorte de masques, symbolisant et représentant les animaux comme les éléphants, les chevaux, coq, zèbre etc... Ce carnaval est non seulement riche en symboles, mais aussi en traditions. Le dernier jour de carnaval, le peuple qui craint et respecte les diables, retires les vêtements en papier crépon , comme pour symboliser une purification, les obligeant ainsi à confectionner un nouveau déguisement pour l'année suivante. Alors que le carnaval a été initié au sein de l'élite, sous le pouvoir du dictateur Trujillo, qui avait sa résidence principale dans cette ville, Julio Heredia, surnommé Walter James, déguisé en Roba La Gallina, comme un symbole de la résistance, rendit le carnaval populaire à San Cristobal. En Février 1980, les groupes de théâtre de jeunes de La Rueda , Los Peregrinos , La Higuera et les Raíces Negras, soutenus par la population des quartiers, transformèrent le carnaval à San Cristobal, en une fête dédiée à l'éducation et l'enseignement du pays. Aux Diables Cojuelos et aux Roba La Gallina, viennent s'ajouter d'autres personnages tels que : Le docteur ( peint de différentes couleurs et de charbon, un porte documents à la main, il veut guérir le monde entier et en particulier les femmes ),
El Hombre de los Zancos (homme sur échasse )
Expression comme marginal par rapport à la culture dominante, les habitants des quartiers, organisent un carnaval marron, rempli de création et d'originalité. On y rencontre des personnages uniques, les Cocoricamo, rapporté par Don Fernando Ortiz du carnaval de La Havane de Cuba au début du siècle. Ils se composent essentiellement d'un impressionnant masque représentant une tête de cheval et d'une robe faite de récupérations, parmi les plus symboliques de la culture africaine du pays. Aujourd'hui, le maintien de ce carnaval s'est enrichie de masques de José Manuel Jiménez (El Super), colorés et originaux.
La caractéristique du carnaval macorisano réside en la présence de Guloyas, diables en costumes de couleurs vives, décorés de petits miroirs et d'un manteau jaune et rouge. Avec leurs vessies de taureaux et leurs fouets ,ils dansent au rythme de la flûte, des cloches et du tambour.
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